J'ai vu un peuple s'éveiller,
Un beau printemps s'en vient l'été,
Un jour la vie s'est insurgée,,
Cent mille bridés se sont parlée.
La voix des jeunes, des étudiants
A avivé les insouciants,
Tous ceux qui crurent en l'Occident,
Ses libertés, ses faux-semblants.
J'ai vu la paix chercher en vain
La liberté de nos matins.
Un bol de riz dans l'intestin,
A la conquête de son destin.
Toute une nation en affluence
A pris le monde entre deux danses
Pour l'envoûter dans l'espérance,
Etre assisté dans l'insistance.
J'ai vu la chine se réveiller,
Se reconnaître et se chercher.
La liberté ainsi prêtée,
Entre les doigts leur a glissée.
Et le massacre s'est exaucé,
Devant I'autel des vieux damnés.
La Grande Purge réimplantée,
La petite Bouteille réincarnée.
J'ai vu des armes jetées à terre,
Un beau printemps s'en vient l'hiver.
Mais la colère octogénaire
N'est qu'un reflet de leur enfer.
Et l'Occident des faux-semblants
A laissé faire sans incident,
A des vieillards intolérants
La REPRESSION de leur Printemps.
LE BEGUE
Toujours se battre, se surpasser
Articuler plus que jamais.
Les mots sont durs à prononcer
Pour toutes les bouches désabusées.
La narration n'est plus un don
Quand les accrocs deviennent diction,
Et la souffrance de l'handicap
Est une erreur du franc-parler.
Articuler plus que jamais.
Maudire les mots mal accordés.
Chercher en vain à prononcer.
Reprendre le souffle aux bavardages
Avant qu'un rire vienne tout gâcher.
L'élocution est un plaisir,
Que l'on retire pour ne rien dire,
Pour ne plus être un de ces Bègues...
J'ACCUSE
J'accuse en bloc les ploutocrates,
Tous ces salopes, ces exploiteurs,
Ceux du profit de nos richesses,
De notre Terre en abandon.
J'accuse avec violence les mandarins,
Tous les guignols, les mercenaires
Dans le Brésil des corruptions.
"Mamazonie" ils t'assassinent.
J'accuse encore les promoteurs
Qui vont détruire notre poumon.
Chico Mendes repose en terre
Comme une racine, une forêt.
J'accuse en force l'indifférence,
De tous les frères de la planète,
De cette bêtise intolérable,
De ce manquement de conscience.
J'accuse aussi la prétention
Que nous avons de notre race.
Cette pudeur à se croire Maître
Parmi la vie et l'univers.
J'accuse enfin notre insouciance,
La part du gage que nous léguerons
Sera la perte de nos enfants.
Quand toute la Terre sera déserte,
Ils crèveront comme des insectes.
SENTIMENTS
Un, deux, je suis l'amour.
Mirage absurde d'un contemporain
Qui a mal orienté
le sentiment Premier.
La satisfaction de ses désirs
Par les sentiments ou le
corps
N'est en réalité
Qu'une satisfaction personnelle,
Donc l'amour est un sentiment
égoïste
Ancré en nous depuis
des millénaires . . .
Trois, quatre, je suis la
haine.
Tabou d'une vengeance inventée,
Au degré des guerres,
Au degré des temps.
Je suis à maîtriser
Avant d'être,
En tant que corps et esprit
Irréversiblement
détruit
Par ce sentiment tout puissant...
Cinq, six, je suis la peur.
Fille sombre, perdue dans
les ténèbres
D'une pensée démoniaque.
Je n'existe que par la vie.
Née de l'angoisse
de l'inconnu,
D'un instinct animal,
Seul la mort ne me craint
pas.
Elle est source d'inconnu,
Elle est source de Peur
. . .
Sept, huit, je suis l'indifférence.
Reine de l'érudit
primate
Et de l'inculque ignare
Qui progresse depuis le
début des temps,
Par peur de se compromettre
Ou de se faire mettre .
. .
Neuf, dix, je suis moi-même.
Participant dans cet univers,
Je ne peux m'épanouir
sans connaître mon but.
Je ne peux savoir sans comprendre,
Et dans une méditation
profonde
Je me tire vers l'infini,
Vers le monde de l'imaginaire
. . .